Base et progression (mardi, 27 mai 2014)
Toujours lors du stage de Mèze 2014, pour les enseignants et futurs enseignants, Bernard Palmier est intervenu pour parler des bases et les progressions en Aïkido.
En voici le compte rendu :
Base et progression : acquisition d'un langage commun
Un certain nombre de notions sont à prendre en compte dans l’organisation d’une progression, qu’il s’agisse d’une progression sur une séance (plan de cours) ou d’une progression sur une ou plusieurs saisons.
Voici quelques unes de ces notions, cette liste n’est pas exhaustive :
1. Technique (waza)
2. Variation, développement, enchaînement (Henka-waza)
3. Variante
4. Principe (Kihon)
5. Kihon waza
5. Forme de référence
6. Forme de base
7. Éducatif
8. Schéma ou structure de base
9. Éléments constitutifs de la construction
10. Mode d’application
11. Mode de pratique
12. Niveau d’exigence...
Ces notions constituent une terminologie qui mérite d’être explicitée et clarifiée pour devenir un «langage commun» entre les professeurs et leurs élèves.
TECHNIQUE
Ce sont les techniques pratiquées en Aïkido. Les plus importantes sont Ikkyo, Irimi nage et Shiho nage : elles sont considérées comme les techniques fondamentales.
De façon plus exhaustive on distingue :
- Les immobilisations (Katame waza) : Ikkyo, Nikyo, Sankyo, Yonkyo, Gokyo
- Les projections (Nage waza) : Irimi nage, Shiho nage, Kote gaeshi, Kaiten nage, Tenchi nage, Kokyu ho...
Kokyu nage : ensemble de techniques de projection fondées sur le rythme d’exécution, sans contrainte aucune sur les articulations (appellation générique).
Koshi nage :ensemble de projections de hanche (appellation générique).
- Les Nage Katame / waza (techniques de projection qui peuvent se terminer par une immobilisation) : Irimi nage, Shiho nage, Kote gaeshi.
VARIANTE
Une variante par rapport à une technique de base peut être considérée comme une variation répertoriée à laquelle on a donné un nom.
Exemple: On peut imaginer plusieurs façons d’exécuter irimi nage sur ai hammi Katate dori : ce sont des variations ; parmi ces variations, certaines sont répertoriées et portent un nom : Sokumen irimi nage, Ushiro Kiri otoshi.
Principales variantes
- Sur les Katame waza : Ude garami, Hiji kime osae...
- Sur les Nage waza : Sokumen irimi nage (nana me Kokyu nage), Ushiro kiri otoshi, Juji garami, Ude kime nage, Ude gaeshi, Aïki otoshi, Sumi otoshi, Kubi nage, Hiki otoshi, Aïki nage...
PRINCIPE (KIHON)
Ce sont les principes structurants de l’Aïkido. Ils sont véhiculés par les techniques donc transverses à la pratique. Développer ces principes à travers les techniques, c’est donner un sens à la pratique. La technique n’est qu’un moyen qui permet d’expérimenter et de développer ces principes d’Aïki.
Les principes peuvent être organisés selon les notions de Shin, Gi, Taï
- SHIN (valeurs mentales, humaines, spirituelles) exemples : intention, disponibilité...
- GI (principes mécaniques, « moteur » qui régissent la technique) exemples : centrage, irimi
- TAI (qualités physiques) exemples : souplesse, coordination...
Les techniques fondamentales, dans la mesure où une technique est la forme que prend un principe, peuvent être considérées comme des KIHON.
Exemples : Ikkyo, Shiho nage, Irimi nage sont également des principes.
KIHON-WAZA
Un Kihon-waza est l’exécution d’une technique fondamentale sur une forme d’attaque répertoriée. C’est une situation de travail. La nomenclature donne toutes les possibilités d’exécution ; toutefois, elles peuvent être hiérarchisées : les Kihon-waza de 1er ordre sont les techniques fondamentales exécutées dans les situations les plus simples (ce qui ne veut pas dire les plus faciles).
A titre d’exemple on peut citer :
• Shomen uchi Ikkyo (omote/ura)
• Katate dori shiho nage (omote/ura)
• Shomen uchi irimi nage
• Ryote dori Tenchi nage
• Katate ryote dori Kokyu ho
• Chudan tsuki Kote gaeshi
• Katate dori uchi Kaiten nage (omote/ura)…
Cette liste n’est pas exhaustive et elle est parfaitement discutable...
SCHÉMA OU STRUCTURE DE BASE
Toute technique doit être exécutée en respectant un schéma ou une structure de base qui présente trois phases :
placement
création et conduite d’un déséquilibre
engagement du corps dans le sens de l’action pour amener au sol.
ÉDUCATIF
Un éducatif peut être un exercice exécuté individuellement : tai-sabaki, irimi tenkan, Shikko, exercices de chute, Suburi... Il peut s’agir aussi d’une technique incomplète exécutée à deux permettant de mettre l’accent sur un point précis de la technique travaillée.
Exemple : sur ai hammi Katate dori travailler uniquement l’entrée de Ikkyo omote (placement, déséquilibre).
TRAVAIL DE BASE (Ippan Geiko)
C’est la pratique standard. Il s’agit de répéter l’exécution de techniques avec un partenaire qui reste le plus neutre possible (tout en restant présent et offensif). Dès que l’on passera à un travail plus réactif de la part de Uke, on sortira, bien sûr, du travail de base pour s’adapter, exécuter des variations, des enchaînements, des « contres ».
Ce travail de base est la pratique la plus courante, celle à laquelle il faut revenir même quand on est gradé. La répétition et la neutralité de Uke ne sont pas sans risque : le risque d’entrer dans un travail mécanique, dénué d’intention et de sens. Ce travail de base demande rigueur et exigence.
La forme de base, c’est la façon de réaliser une technique choisie par l’enseignant pour démarrer une progression.
HENKA WAZA (Variations, développements et enchaînements)
1. Les variations
Ce sont des variations dans les phases de construction de la technique :
• Différentes façons de se déplacer et de se placer ;
• À partir d’un même déplacement, plusieurs façons de créer un déséquilibre et plusieurs façons d’exploiter un déséquilibre ;
• À partir d’un placement et d’un déséquilibre, différentes façons d’engager le corps et de projeter.
Exemples : différentes façons d’exécuter IKKYO sur SHOMEN UCHI, SHIHO NAGE sur KATATE DORI...
2. Les développements
Développement à partir d’une structure de base (placement ou placement + déséquilibre). Possibilité de réaliser différentes techniques.
Exemples : placement sur SHOMEN UCHI, à l’issue du irimi tenkan : KOTE GAESHI, KAITEN NAGE...
3. Les enchaînements
Enchaînement sur la 3ème phase de la construction : on enchaîne une technique sur une autre en appliquant le principe d'action/réaction.
Exemples : TENCHI NAGE----IKKYO, IKKYO OMOTE----KOKYU NAGE / KOSHI NAGE, SANKYO ----KOKYU NAGE, NIKKYO URA----KOTE GAESHI
La pratique des Henka waza ne permet pas de rattraper une technique ratée (manque de construction, rupture, perte de fluidité). Les variations et les enchaînements correspondent à des opportunités imposées par Uke ou suscitées par Tori.
KAESHI WAZA
- Définition : On traduit souvent Kaeshi waza par techniques de "contre". En fait, Kaeshi vient du verbe « kaesu » qui signifie « rendre, renvoyer, retourner ». On retrouve ce terme dans des expressions comme Kote gaeshi, Ude gaeshi (retournement du poignet ou de l’avant-bras), Kiri kaeshi (coupe en retour). Il s’agit donc dans Kaeshi waza d’un retournement de situation (Uke devient Tori / Tori devient Uke).
L’idée de contre ou de contrer le partenaire ne donne pas le sens exact du kaeshi waza. Plutôt que de contrer le partenaire, il s’agit d’accepter le déséquilibre, d’aller dans la technique pour la dépasser et retourner la situation.
- Répertoire :Il est impossible d’établir un répertoire exhaustif des kaeshi waza. C’est un domaine où la créativité est la bien venue. Certains experts donnent, malgré tout, quelques exemples – à titre indicatif, consultez le volume 4 de Maître SAITO.
MODE D’APPLICATION (WAZA)
Waza signifie technique. Par extension, modes d’application.
On peut dresser une liste relativement exhaustive des différents modes d’application en Aïkido :
- Katame waza, Nage waza, Ushiro waza, Suwari waza, Hanmihandachi waza, Tachi waza, Jyu waza, Henka waza, Kaeshi-waza, Omote waza, Ura waza, Kihon waza...
MODE DE PRATIQUE (KEIKO)
Keiko signifie entraînement, pratique ; pour l’Aïkido on parlera de pratique. Entraînement renvoie davantage à une notion de préparation pour un résultat ultérieur : compétition, application (self-défense), spectacle... Ce qui n’est pas franchement le cas pour l’Aïkido en dehors des passages de grades et des démonstrations.
On peut dresser une liste des principaux modes de pratique de l’Aïkido (avec la liaison, le « k » de Keiko devient « g ») :
Ippan geiko : travail de base, Ju no geiko : pratique souple, Go no geiko : pratique « réactive », Jyu geiko : pratique libre, Kakari geiko : contre plusieurs partenaires qui attaquent l’un après l’autre, Taninzu gake (randori) : contre plusieurs partenaires qui attaquent simultanément
Mitori geiko : étudier en regardant le cours (empêchement physique), Yagaï geiko : pratique à l’extérieur du dojo, Hitori geiko : pratique seul (éducatif, Suburi...).
NIVEAU D’EXIGENCE
Le niveau d’exigence s’exprime dans les consignes données par l’enseignant en fonction du niveau et des acquis de ses élèves, en fonction de ce qu’il veut et peut leur faire
travailler (« où met-on la barre ? »)
Exemple : On peut faire travailler Yokomen uchi shiho nage avec un niveau d’exigence différent si on a des 3ème kyu ou des 1er dan. Les consignes ne seront pas toutes les
mêmes.
Bernard PALMIER
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